Renaissance et sarabande
Sarabande tissée et brodée au milieu d’un entrelacs de toiles, de fils, de structures, de boites, de cubes et bobines de toutes grandeurs, couleurs et matières, une troupe de masques et têtes tous plus énigmatiques les uns que les autres s’articule en un théâtre digne de la Comedia dell’ARTE
Rien ne se perd, tout est transformé, détourné dans le monde des fils de Marie Rose Lortet. Tout s’empile, s’amasse, s’agite, c’est un univers qui se crée et prend vie devant Elle.
La nuit tout s’anime, s’agite. Les personnages rient, crient, hurlent au moindre intrus qui les dérangent. Les ombres portées dans un tohu-bohu fantasmagorique s’allongent, virent, voltent et chavirent ; un instant elles s’arrêtent, hésitent à la première lueur de l’aube avant que l’un des tableaux n’ouvre un œil, réveille le panneau voisin encore assoupi et sonne la charge à la lueur naissante. Le jour gagne, achève de réveiller la troupe encore fatiguée de la sarabande de la nuit, véritable RENAISSANCE. Tous reprennent soufflent et petit à petit s’articulent, s’illuminent, s’indisciplinent, s’emballent au rythme de la Créatrice qui monte et descend sans fin, repique et recoud, taille et sculpte encore et encore.
Elle connaît chacun par son nom : L’ENTETE, L’ORIENTAL’ LE QUASIMENT
Elle saura remettre l’un à sa place qui la contrarie et saura s’émouvoir de la flatterie de l’autre, l’espièglerie du troisième ou les encouragements de tous si elle s’essouffle.
Lorsque l’un ou l’autre quitte l’atelier un nouveau fil se tend et transporte la magie, le mystère et la force créatrice.
Tout se prolonge dans et au delà des murs.
La nuit, le jour, ici ou là.
Tout prend vie… ils crient, soufflent…
Ils s’agitent, se moquent, surveillent et protègent.. ..
Jamais vraiment éloignés de leurs modèles
RENAISSANCE
Tout est lié, tout se tient, c’est le monde des fils de MARIE ROSE
Philippe Jozan
Pendant l’exposition sera diffusé le film de Clovis Prévost : « Marie Rose Lortet, la maison atelier, 1999-2006 »
JACQUES LORTET, L’ARPENTEUR DE COURBES
La planète habitée par Jacques LORTET vit dans la discrétion de l’intersidéral. Elle brillera des années lumières, toujours plus loin, vers des rêves et des espoirs.
Point de Bételgeuse, ni d’Orion pour ce sculpteur du minutieux.
Pas d’or ni de métaux rares non plus : dans sa principauté des trésors de poussières d’étoiles recueillis avec délicatesse, enrobés de mots doux, ciselés d’émotions.
Sans effort apparent, avec du sourire plein les yeux, Jacques LORTET sculpte le temps à l’intérieur de petits espaces intimes.
Il creuse des volutes, déploie des circonvolutions où notre regard se love, circule, décrypte, s’éblouit. Des passages donnent accès à des circuits de mémoire : lorsqu’il ouvre pour nous ses bloc-notes, ses cahiers, voire même des armoires, il faut accepter de franchir le pas, de sauter à pieds joints dans son univers, à cloche-pied sur les cases de sa marelle pour découvrir son ciel ou l’Autre prend son envol.
Jacques LORTET compose, recompose, accumule des espaces pour y insuffler du temps, capturer de délicieuses minutes, les étirer, les enfler. Il arrive que ces « bouches » rejettent aussi quelques heures sombres, quelques instants superflus, d’autres indigestions.
Caressez la courbe, ondulez avec elle. Laissez-vous piéger par le lac et l’entrelac. Laissez-vous enlacer, chatouiller, par la chaîne du génial arpenteur.
Régis de Loisy