Bernard Briantais était-il, dans ses premiers dessins que je découvrais, naïf, art-brutiste ou singulier ? Ce qui me retint, dans cette rencontre, fut de constater la nature puissamment compulsive de son expression : peindre, dessiner comme on respire, pour respirer. Je suivis l’avancée de ses productions, tranquillement obstinée. Qui creusait. Sans jamais imiter, tricher ou mentir. Travail du peu à peu se resserrant sur ses sujets et, pourquoi pas, ses obsessions. Attention s’aiguisant, par exemple, sur « les gens de peu », plus haute et altruiste que la chiche empathie : une considération. Nul doute que cet artiste-là aime ses personnages.
Lorsque j’ai découvert les figures en volume de Bernard Briantais, j’ai compris qu’il avait trouvé là le plus juste de son expression. Boîtes habitées, cageots, caisses, cadres de scène, castelets, théâtres de la vie : nous y sommes, nous sommes dans cette réalité de bric et de broc, ce bricolage de nos vies et des vies que nous côtoyons, parfois sans les voir, cette récupération de tout et de n’importe quoi, du magistral et du minimal, du grandiose et de l’infime, du supraordinaire et de l’infraordinaire, pépites et déchets, richesse et pauvreté. Parce que nous sommes tous, entre nos ombres et nos lumières, monstres et animaux et démunis et risibles, mais si fragiles, mais si bancals, mais si touchants, mais si délicats.
Bernard Bretonnière (extrait de texte)
Novembre 2018