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Author Archives: José Sagit

Charles BOP (Fabrice FOSSE)

Voulez-vous du bleu quand le ciel est pour deux
Voulez-vous du blanc comme les neiges d’antan
Voulez-vous du blues quand plus rien ne bouge
Faites-vous des rêves quand la nuit s’achève
Faites-vous l’amante pour les étoiles filantes
Faites-vous du bruit dans l’espace infini
Voyez-vous la terre comme une orange amère
Voyez-vous les fruits aux couleurs incendie
Voyez-vous les anges aux sourires étranges…

Charles Bop

 

Catherine LEGRAND


L’errance
L’errance est le fil de mes obsessions, elle me fait me perdre et me retrouver sans cesse. Comme moi, mes personnages sont en constants déplacements, ils errent dans leur propre histoire, on ne sait s’ils sont en fuite ou bien en quête.
Orienté vers l’art officiel, mon travail a d’abord été conforme à l’enseignement que j’avais reçu dans les écoles d’art… Mais mon chemin m’a conduit très tôt vers un hôpital psychiatrique, tout d’abord comme artiste, puis comme art thérapeute. C’est à ce moment là que l’art singulier s’est imposé à moi, comme une évidence. La psychanalyse avait, elle aussi, croisé mon chemin.
J’ai choisi de m’exprimer autrement, en laissant des mains à l’ouvrage, inspirées par les matières et animées par une forte nécessité intérieure, d’aller de la mise en forme à l’idée et non de l’idée vers la mise en forme… Sans doute la Gelstaltung de Hans Prinzhorn.
Catherine Legrand

Catherine BOURDIER

Catherine Bourdier, Sculpteuse de l’invisible, observe, découvre et matérialise des mondes oubliés pour les rendre accessibles à l’esprit.
Simples éphémères, instantanés de la vie ordinaire, introspections poétiques, ils se dévoilent entre mouvements et récits.
De la miniature à la taille humaine, ses sculptures figuratives aux expressivités corporelles généreuses et singulières éveillent curiosité, avivent les sens et suscitent les rencontres.
Traces, espaces intérieurs et écritures sont essentielles dans la création de cette artiste. Elles invitent à dépasser le simple volume en ouvrant une 4ème dimension où chacun peut à sa guise entrer, explorer et rêver en résonance avec ses propres chimères.
Matières et matériaux (céramique à froid, métal, treillis, papier, argile, résine, tissu, pigments, bronze, cire …) s’enchevêtrent de façon habile et ludique dans ses œuvres.

Caroline DAHYOT 2019

La mer, affamée de falaise, lèche l’immense plage qui fait suite à cette ultime bravade de terre, cette poitrine dérisoire de calcaire lardée de silex, sur laquelle, plantant ses racines de béton, est la maison de CAROLINE DAHYOT.
Lovecraft aurait pu être inspiré par cette courbe sans fin qui suit l’affaissement des collines cauchoises, là où la Normandie meurt au pied de la Picardie. Il nous aurait parlé de la respiration de cette eau, de sa dangereuse caresse, de ses vagues incessantes guettant le moment.
CAROLINE DAHYOT parle d’amour et couche sans repos, vague après vague sur le kraft encollé d’images et nourrit de teintes où vivent ses personnages, ses histoires de tendres rencontres, de citadelles tombées en douce pâmoison, de cœurs palpitants et d’animaux de conte de fée.
CAROLINE DAHYOT, qui a la voix douce et l’écoute attentive et craintive, est une militante implacable: ses vignettes portent son discours et font penser aux images reçues en échange de « bon-points » dans une école de blouses et de tableau noir et rappellent celles qui imageaient nos provinces et le bonheur d’y vivre. Les vignettes de Caroline parlent de « l’aimable vivant » qu’il soit plante, animal ou humain et même air et eau et sont comme un écho au roman de Christiane Rochefort « Encore heureux qu’on va vers l’été ».

Texte Pierre Gentès lors de l’exposition à la Galerie Le 75

 

Bernard BRIANTAIS

Bernard Briantais était-il, dans ses premiers dessins que je découvrais, naïf, art-brutiste ou singulier ? Ce qui me retint, dans cette rencontre, fut de constater la nature puissamment compulsive de son expression : peindre, dessiner comme on respire, pour respirer. Je suivis l’avancée de ses productions, tranquillement obstinée. Qui creusait. Sans jamais imiter, tricher ou mentir. Travail du peu à peu se resserrant sur ses sujets et, pourquoi pas, ses obsessions. Attention s’aiguisant, par exemple, sur « les gens de peu », plus haute et altruiste que la chiche empathie : une considération. Nul doute que cet artiste-là aime ses personnages.
Lorsque j’ai découvert les figures en volume de Bernard Briantais, j’ai compris qu’il avait trouvé là le plus juste de son expression. Boîtes habitées, cageots, caisses, cadres de scène, castelets, théâtres de la vie : nous y sommes, nous sommes dans cette réalité de bric et de broc, ce bricolage de nos vies et des vies que nous côtoyons, parfois sans les voir, cette récupération de tout et de n’importe quoi, du magistral et du minimal, du grandiose et de l’infime, du supraordinaire et de l’infraordinaire, pépites et déchets, richesse et pauvreté. Parce que nous sommes tous, entre nos ombres et nos lumières, monstres et animaux et démunis et risibles, mais si fragiles, mais si bancals, mais si touchants, mais si délicats.

Bernard Bretonnière  (extrait de texte)
Novembre 2018

 

Alain LACOSTE

Alain LACOSTE
Colle-porteur d’Images
Des œuvres d’Alain LACOSTE furent présentées lors de la 12ième  édition de ce festival « Art et Déchirure », au printemps 2010. Depuis, suite à des problèmes de santé et familiaux, il n’a plus exposé son travail. Cette 17ième édition du festival est donc une belle opportunité pour redécouvrir ses petites coulures et ses grandes colleries.
Depuis son enfance, Alain Lacoste a toujours eu plaisir à dessiner. Au début des années soixante-dix, il se lance dans la peinture, avec ses Delvautions, en référence au peintre belge Paul Delvaux. En 1980, il rencontre l’artiste mayennais Robert Tatin qui l’incite à développer une œuvre plus personnelle. C’est le début d’une production foisonnante qui durera plus de 30 ans ! Au fil des années ses œuvres vont envahir son atelier tel un cocon. Déçu de la non reconnaissance de son travail par les institutions artistiques (Musées, FRAC, etc.), son atelier va devenir sa tanière.
« Je me suis trop souvent brûlé les ailes aux vitrines des m’as-tu- vu… Et puis les artistes ne sont pas faits pour amuser la galerie ! »
Michel Leroux (Septembre 2019)
 
 

François BIDAUD


L’homme qui soude accorde les éléments. Par ce geste, celui-là relie l’humanité car toute soudure est un acte de générosité pour rassembler les débris et les richesses du monde. Unir les formes à jamais équivaut à hurler contre la solitude et les vaines prétentions individuelles. Quand François Bidaud soude, il sait que par ce geste il réalise la métaphore de l’acte social d’excellence. Si la complexité de ses assemblages prouve la difficulté d’un tel sacerdoce, la couleur en dissipe l’effort car la pudeur l’oblige.
C’est bien que l’on rit et que l’on s’amuse de cet univers charmant avec ces valses d’enfants et ces corps enlacés, mais il fit aussi Gaza et ses danses macabres car l’art est le livre où s’écrit l’entier du monde. L’alentour où l’on essaie de se mouvoir parcourt mille traverses, soyons-lui en gré de ne pas l’oublier… Et de ne pas nous en asséner que les torrents de pleurs.
 
 

Mario CHICHORRO

 
 

Mario Chichorro serait plutôt un conteur dont les anagrammes,contrepéteries et autres calembours purement visuels s’enchaînent, formant un discours de mots-images presque toujours bifrons, qui s’entassent et s’interpénètrent, en toute ambivalence, pour exprimer le flot d’une pensée quasi inépuisable. C’est aussi un contestataire. Artiste roman égaré en ce siècle, un peu comme Brassens avait un pied dans le Moyen Age, il appartient à la famille de ceux que l’on aimerait appeler des « médiévaux contemporains » …
Laurent Danchin

Fanny FERRE

LE SONGE D’UNE NUIT DE FANNY FERRE

« Allons, ma reine, 
dans un grave silence, 
courons après l’ombre de la nuit » 
William Shakespeare  

Partis pour toujours et sans jamais laisser d’adresse : les êtres qui naissent depuis un quart de siècle sous les doigts de Fanny Ferré ont définitivement adopté la grâce énigmatique des nomades. Façonnées comme par le vent, leurs silhouettes puissantes mais gracieuses, nimbées de longues chevelures et de rares oripeaux, n’en finissent pas de prendre le large. Toutes définissent la condition humaine tel un désir inassouvi d’ailleurs, sempiternellement dynamique. Ils ne fuient pas. Ils cheminent.

« Je cherche à ce que les personnages dégagent la vie » dit-elle. Les êtres élancés qu’elle façonnent à bras le corps mangent avec leurs doigts et vont nus pieds. Moins par souci de misère que par besoin de liberté : ils célèbrent les mouvements sans entraves et les moments sensuels, embaument le fruit sauvage, le pain chaud et le torrent d’altitude. Ils empoignent une charrette à bras, montent un cheval à cru. Allégorie de l’initiation ou de la protection, chacun de leurs gestes et des objets dont ils sont munis parait nécessaire, mais s’avère poétique. La fine terre chamottée employée par Fanny Ferré semble davantage pétrie de la poussière des étoiles que celle des bas-côtés.

Gestes tendres, allures dignes : qu’ils déroulent une marche ou marquent une pause, tous ces personnages arborent immanquablement un regard franc et une expression douce…

Intemporelle et universelle mais rustique, leur tribu a pour caractéristiques morphologiques des attaches fines, permettant une grande souplesse, et des charpentes solides, aptes à la résistance. Et chaque nouvelle sculpture, variation de la précédente, est conçue tel le membre utile d’un groupe solidaire, intuitivement concerté. Comme les silences entre les notes d’une partition musicale, l’espace aménagé entre chaque œuvre, lors de sa mise en scène, engendre une profonde sensation d’harmonie.

Cette œuvre est résolument enchantée. Inspirées par la forêt, les nouvelles sculptures en témoignent particulièrement : panachés, auréolés de plumes ou de feuilles, parés de dépouilles de corbeaux ou de boucs, des personnages inédits surgissent. Fées en conciliabules ou chamanes envisagent des révélations, ils s’apprêtent et guettent. Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare et La Reine de la Nuit de Mozart, la Peau d’âne contée par Charles Perrault et les sabbats peints par Goya, les druides celtes et les sorciers africains, les ermites au désert et les yogis des montagnes, les tatouages punks et les dentelles néogothiques, tout cela et bien plus encore irrigue l’ensemble à la clarté lunaire qui s’impose désormais.

février 2016 
Françoise MONNIN 
Critique d’art – Rédactrice en chef de la revue ARTENSION

Micheline JACQUES

Micheline JACQUES, née à Gand (1933). Créatrice d’une oeuvre  importante et variée de sculptures textiles (tissu de nylon, teint,  noué, cousu, monté sur support de mousse) et dessins. Nombreuses  expositions personnelles (Bruxelles, Genève, Dijon, Beaune, Rouen,etc..)  Suivant le principe de la « série » qui est une des caractéristiques  de mon travail, cette oeuvre est composées de 15 personnages assis,  formant un tout. Evoquant des civilisations anciennes, disparues, ou  imaginaires, l’ensemble joue sur différentes gammes de couleurs,  d’attitudes, decoiffures et de costumes. Les sièges aux allures d’apparat sont des trônes aux dossiers travaillés. Chacun des  personnages se veut imprégné d’un grand pouvoir de méditation :  savoir ou sagesse. C’est pourquoi je les ai nommés « LES SAGES ».  
Suivant la technique que j’ai développée dans l’ensemble de mon  travail artistique, il s’agit de sculptures textiles : voiles et  tissus de nylon teints par moi- même, cousus et fixés sur une  ossature en mousse.

Les sculptures textiles réalisées par Micheline Jacques, ces figures énigmatiques nous interpellent par leur pouvoir méditatif et introspectif, évoquant des civilisations lointaines et disparues.  Elles sont 107, alignées dans le couloir du musée, réunies au complet pour la première fois.

Elles sont là immobiles, chacune dans une attitude singulière, toutes semblables et différentes, en attente.