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Author Archives: José Sagit
Paul HÉRAIL
De l’arbre, on tire des planches.
Des planches qui font les bateaux, les caisses ou les palettes.
Usées, fatiguées, marquées aux clous rouillés du labeur, elles seront finalement abandonnées, jetées, ballottées, flottées jusqu’au pied des falaises.
Une légende raconte qu’elles seraient venues là, porteuses de paix, offrir un abri à l’âme des marins disparus en mer.
De l’arbre, on fait le papier.
Sur le papier s’impriment des romans de mer, de flibuste, de boucaniers dont les signes et les mots font écho aux bois perdus des bateaux oubliés.
Leurs pages, retrouvées un jour par hasard dans une cave inondée, se découpent sous mes doigts, parfois en chapeaux, souvent en méduses venues des sombres profondeurs poser quelques points lumineux.
De tout ça, je fais des assemblages.
Des assemblages de bois, de clous et de vieux papiers mouillés, hommage poétique perlé d’humour offert à ceux qui ont usé leurs vies à leurs côtés, esprits flottants entre vagues d’océans et pages de romans.
Paul Herail
MINOUCHE
Je créé avec mon ressenti, dans un acte immédiat et spontané. Je soude, je colle, je plâtre…
C’est une sorte d’inspiration qui me meut et me mène dans une compulsion cathartique. Je laisse venir à moi des images mentales que je traduis aussitôt et range par genre ou par espèces. Telle la série des bébés-bocaux (confiture d’ogres puis viennent les « momies » géantes, personnages surgis d’une fantasmagorie irréelle, puis d’autres créatures, mes « anges déchus et les encagés… », ces personnages tiennent plus du rêve qu’appartenant à une réalité formelle.
D’autres thèmes récurrents: la vie, la mort, le temps qui passe me
transcendent me submergent… je me laisse envahir par ces douces images mentales, parfois violentes aussi.
J’utilise des matériaux récupérés dans les déchetteries ou en vide grenier, je détourne leur fonction, je crame dans ma cheminée…
Migas CHELSKI
MA DÉMARCHE
Je viens du collage et pour cette raison, je me sens bien plus à l’aise à devoir rassembler et ordonner des éléments épars dans une composition esthétique qu’à démarrer un tracé sur une toile immaculée (pratique que j’adopte pourtant avec mes dessins que j’entreprends toujours de manière aléatoire).
J’aime les amoncellements de vieux éléments (objets qui ont vécu ou détritus émouvants), les boîtes à trésors, les greniers, les brocantes, voire les poubelles.
Je suis fasciné par les matières fatiguées, patinées : la ferraille attaquée par la rouille (qui donne des couleurs si extraordinaires !), le bois, le cuir etc.
Quand je réalisais mes photomontages, je puisais dans des piles de revues, des boîtes de photos ou de morceaux de photos classés arbitrairement par thèmes ou par couleurs, des éléments que je tentais de rapprocher pour qu’il se passe quelque chose au niveau du sens et de l’esthétique. Cela se faisait en suivant une idée ou en la recherchant.
Aujourd’hui, je fabrique des maisons délabrées, abandonnées, isolées sur et avec du carton ondulé. J’aime ce matériau pour sa « générosité » : sa matière et ce qu’il m’offre quand il est dénudé, lacéré, froissé, percé… et puis il y a de la dérision dans ce carton !
A côté des maisons, je crée des êtres hybrides avec mes dessins, des personnages grotesques composés de bric et de broc avec mes figurines et mes masques assemblés de matériaux divers.
Je travaille sur des thèmes que j’essaie d’explorer à la frontière de la réalité et de l’imaginaire en adoptant, au départ, des images simples enfantines comme les bonshommes, les maisons, les arbres…
Marie POURCHOT
Peintre à l’origine, je diversifie mes réflexions artistiques après un master en ethnologie. Attirée par les débats anthropologiques, l’art et l’artisanat, j’ai orienté mes réflexions et travaux vers un art mêlant art plastique/textile et anthropologie. Après des formations en broderie, le textile devient mon moyen d’expression principal, je travaille avec le fil, manipule la broderie, mais aussi la linogravure, le tissu et la peinture. J’aime les couleurs et définis mon travail de « maximaliste ». Cette saturation de couleurs et d’informations est mon moyen d’expression, elle me permet également d’établir un contact avec le contemplateur. L’excès de couleurs représente pour moi les méandres de la psychologie humaine, perçues, interprétables et interprétées de diverses façons. Je cherche à interpeller et accrocher le regard, générer des questionnements. Je créé un lien entre le passé et le présent, entre les matières et techniques diverses, et entre les disciplines. Mon travail questionne et thématise l’expression de notre imaginaire collectif et individuel, de nos interactions communicationnelles, de nos intentions, de nos perceptions, de nos identités et nos émotions. Il est ma représentation du monde avec sa palette d’émotions humaines, mouvantes et imbriquées entre elles.
Marie Claude CASABO
Mon atelier se situe au-dessus du Robec ; je le vois en enfilade à travers une grande fenêtre industrielle – image prégnante de la verticalité –
J’aime que ça réponde, et vite ! Pas de glacis, la PEINTURE ne m’intéresse pas ; feutres indélébiles, crayons, couleurs diverses, papiers de soie, morceaux déjà peints …
Dans ce cadre déterminé, avec ces exigences, – dans l’attente – je retrouve la rangée de clowns commencée par la maîtresse, au tampon, sur le cahier du jour et qu’il fallait terminer…Tant pis ! Tant mieux !…
Puis me voilà devant la terre et son odeur, son goût, la courtilière, énorme et noire, …et les tous premiers étonnements – être là pour les recueillir – les premières vraies questions !
« Eplucher les haricots devant la mer ». Ces mots s’échappent, poésie intérieure liée aux souvenirs, aux lectures, aux autres … Mon corps, mon inconnu, se libère par ma main … pour peu que moi, j’y veille !
En essayant de sauver au mieux ce travail, de la séduction, je le mène, je le libère petit à petit : oublis, manques, égarements, inhabilités, blancs, l’enrichissent !
Ma peinture, ce n’est que le travail de ce corps qui suit, au mieux, le tiraillement de son désir, au plus près (prêt).
…tiraillement, résistance, perplexité, vacillation, indécision, choix, détermination, facilité…
Marc GIAI-MINIET
C’est en 1995, pour répondre à un projet d’exposition, que j’ai commencé à découper des bouts de carton et des matériaux divers pour les agencer en relief selon l’ordonnance de mes tableaux, dans des boîtes. Je n’avais pas oublié qu’adolescent j’avais eu le désir d’être du monde du théâtre, côté décors et accessoires. Mes boîtes sont vite devenues un prolongement essentiel à ma peinture: même point de vue frontal sans perspective ni profondeur ni hors champ. C’est un espace plastiquement clos pour un discours sur des espaces clos et où se joue un théâtre existentiel.
Mon travail puise dans l’Homme, ou plutôt il puise dans la question de l’Être. Qu’est-ce que l’Homme? Comment donner forme plastique au rapport esprit/matière, que font les sociétés de la matière spirituelle, de la mémoire, de la pensée, des souvenirs, de l’intelligence? Comment dire ce que sont la chair et les os, à quoi servent ces restes funestes qui jettent l’effroi?
Mes boîtes sont la métaphore de ce questionnement: souvent composées en étages dont le plus élevé comporte fréquemment une «bibliothèque», aux livres blanchis et silencieux, qui inaugure un parcours incertain vers les étages inférieurs, de plus en plus sombres, énigmatiques puis infernaux, comme une métaphore de la vie humaine.
Tout s’opacifie pour moi, hélas, dans ce passage de la lumière vers l’ombre. Cependant cette lumière qui nous vient d’en haut pourrait, je l’espère, encourager une lecture inverse: celle des zones obscures de l’Homme vers sa pleine conscience et la clarté de la connaissance.
Marc Giai-Miniet
Jean MEDARD
Né à Berck-Plage en 1949, je vis en Meuse à Laimont .
Le Festival « Art et déchirure » m’accueille pour la troisième fois. En 2008, présentation de « L’Exode » et en 2014 pour une évocation des « Cabinets de curiosités ».
Cette année, je reste fidèle à ma démarche et me plais toujours à exhumer les traces d’un passé enfoui à travers des objets dépréciés, abîmés, oubliés, pour créer de nouveaux liens, des nouvelles histoires. Redonner à voir ces objets dans des assemblages inattendus pour de nouvelles aventures dans l’imaginaire du « regardeur ».
« Jean Médard est convaincu qu’on n’est pas né de la dernière pluie et qu’il est bon de poser sur les objets et les choses du passé, un regard sensible, amusé, parfois faussement naïf, incluant la dimension de l’humour toujours. Il apparie ces morceaux du temps égarés dans le présent dans des constructions inventées, des métamorphoses propres à les réenchanter. En revanche, ce qui est nouveau, c’est sa volonté d’accorder plus de place à la couleur, la lumière, les effets de transparence dans ses compositions, de concevoir les fonds comme des paysages, d’installer des atmosphères plus souriantes. Et comme l’encadrement, est à la fois fermeture et frontière ne demandant qu’à être franchie, il le travaille désormais dans cet esprit d’ouverture. Une façon de dire à ses créations : Allez-y, vivez votre vie ! »
Jean Luc CURABET
Jean-Luc CURABET,
Artiste incandescent et protéiforme.
Principalement techniques mixtes, dessin et peinture acrylique.
Autodidacte. Débute ses expositions en 1989 et réalise déjà des designs pour des pièces en Emaux.
JL Curabet est considéré comme un artiste émergent. Et son travail est présenté régulièrement à l’international.
L’œuvre s’oriente actuellement vers une réflexion, non dénuée d’humour, sur le temps qui passe inexorablement avec sa série « Les âmes égarées ».
Réalise aussi des sculptures monumentales, des installations et des performances.
Jean BRANCIARD
Le glanage devient création
L’artiste Jean Branciard présente ainsi l’origine de ses créations : « J’ai commencé à bricoler autour de la récup dans les années 90 en emménageant dans une maison en pleine campagne. Dans la maison il y avait de la place et un tas de matériaux laissés par les précédents locataires. Autour de la maison de quoi faire de belles balades avec des vignes où je pouvais trouver du fil de fer et des fossiles.
Je n’ai aucune formation artistique mais j’ai toujours dessiné et peint. Quand j’étais magasinier dans une usine de froid, à mes heures perdues, avec des cartons, des rouleaux et des fils de fer, je bricolais des jouets pour mon fils et ma nièce. Depuis longtemps, je suis attiré par les artistes alliant l’humour, la fantaisie et l’imagination comme Jérôme Bosch, Jean Tinguely, Louise Bourgeois, Andy Goldsworthy, Pablo Picasso, Reiser… »
« Conçues à partir de matériaux chargés d’une histoire propre et récupérés au hasard, les compositions de Jean Branciard sont de véritables véhicules de rêves éveillés. » Myriam Liaudet
Ismaël MAUREY
Qu’avons-nous fait pour devenir paria de notre terre nourricière ?
Pourquoi toute cette intelligence mise au service d’un suicide collectif ?
Folie ingurgitée pour assouvir ton narcissisme et ta cupidité, déversant immondices sur ton propre berceau.
T’es pas beau l’humain !
Mais la laideur du corps n’est-elle pas davantage cette image lissée, « photoshopée » que tu livres à coup de milliers de « followers » à toute cette société, avide d’un idéal standardisé.
Société avilissante, pourtant consciente du désastre, te rend toi, l’Humain, servile et dégénéré.
Le remède et la beauté ne seraient-ils pas dans la singularité et la complexité de chaque individu ?
Ismaël MAUREY